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“On ne renforce pas une émotion, on renforce un comportement”

J’ai entendu et lu cette phrase bon nombre de fois, de la part d’éducateurs, de comportementalistes, d’éleveurs, de vétérinaires… Elle peut paraître simple de prime abord mais pourtant, sa bonne compréhension va avoir un impact sur toute votre stratégie d’éducation avec votre compagnon à 4 pattes. Elle méritait donc un article!

L’émotion, c’est quoi?

C’est un trouble subit, une agitation passagère causés par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie, etc. C’est une réaction affective transitoire d’assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation venue de l’environnement.

L’origine du mot est intéressante ; il est dérivé de émouvoir formé d’après l’ancien français et moyen français motion« mouvement », emprunté au latin motio « action de mouvoir, mouvement, trouble, frisson (de fièvre) »

Les émotions se caractérisent en biologie par des modifications d’apparence, notamment dans l’expression faciale, des actes caractéristiques (cris, fuites ou attaques) et des bouleversements à l’intérieur du corps (battements de cœur, pression artérielle, irrigation sanguine de la peau et des viscères, sécrétion d’hormones…).

C’est pour cela que l’on peut, en observant un individu, humain ou chien, deviner l’émotion ressenti à un instant T. Car celle-ci va générer des modifications, pour la plupart involontaire, de nos expressions, nos micro et macro mouvements… etc

Et le comportement?

Le terme « comportement » désigne les actions d’un être vivant. Son comportement est la partie de son activité qui se manifeste à un observateur. Le comportement des animaux, humains et non humains, peut être décrit comme l’ensemble des actions et réactions (mouvements, modifications physiologiques, expressions verbales, etc.) d’un individu dans une situation donnée.

Le lien entre l’émotion et le comportement

L’émotion est en lien avec le comportement car elle peut impulser une action, la stopper ou, du moins, détermine une « tendance à l’action » qui peut cependant être plus ou moins contrôlée.

L’émotion est perçue par celui qui la ressent sur la base de deux dimensions :

– la valence (ou polarité) c’est-à-dire le degré de plaisir ou de souffrance induit par cette émotion et donc son utilité pour celui qui la ressent

– son intensité (niveau d’activation en rapport avec l’importance ou l’urgence). L’activation entraîne une augmentation du niveau de vigilance qui aura un effet sur la mémorisation. Les expériences affectives les plus intenses plaisantes ou déplaisantes donneront lieu aux souvenirs les plus ancrés.

L’émotion influence les mécanismes sensoriels tels que la vision, l’audition et notre perception du temps, et cause des modifications majeures sur le plan cognitif(attention, mémoire, apprentissage).

Ces informations nous permettent de comprendre que l’émotion en fonction de son intensité, aura un impact :

– sur le comportement produit par l’individu

– sur sa capacité de mémorisation

– sur l’apprentissage qu’il fera d’une situation donnée

Le lien avec la relation à votre chien et son éducation

Tout d’abord ceci montre l’impact des émotions de votre compagnon sur sa capacité à répondre à vos attentes, en fonction de son état émotionnel. Et nous permet, encore une fois de se poser la question de la gestion de l’environnement pour notre chien lorsque nous lui demandons un travail bien spécifique !

Par exemple : mon chien est réactif face à des congénères mais je vais lui imposer de s’asseoir à 1 mètre de l’un d’entre eux. Je vais même me mettre en colère et lui crier dessus, s’il ose ne pas obéir ! On comprend alors que la dimension du problème est plus complexe que « mon chien refuse de s’asseoir quand je lui demande ».

Selon le psychologue américain Paul ECKMANN, il existe 6 émotions fondamentales :

– La joie

– La tristesse

– La peur

– La colère

– Le dégoût

– La surprise

La joie est certainement l’émotion la plus efficace pour pousser quelqu’un à agir. Elle est l’un des systèmes que le corps possède pour encourager l’action. De plus, elle sert de récompense pour les conduites bénéficiaires de chacun. Lorsque nous réalisons une action qui satisfait un but, la joie fait son apparition, et grâce à cela le comportement se répétera afin de parvenir à revivre cette sensation de plaisir. . C’est peut-être le renforcement le plus naturel dont nous disposons.

La joie est l’émotion que tout un chacun recherche au cours de son évolution.

Votre chien, tout comme vous, traverse ces émotions au cours de sa vie. Votre chien, tout comme vous, traverse ces émotions au cours de sa vie. La manière dont il les gérera sera fonction de chacun des apprentissages qu’il aura pu faire au cours de son parcours de vie. C’est là que votre rôle de leader prend toute son importance au côté de votre chien.

Voilà ce que l’on peut lire dans le livre, La sagesse des loups « La position de chef n’est en rien synonyme d’agressivité. Les chefs qui pontifient ou sont constamment dans la provocation ont le plus souvent peur de perdre leur pouvoir (…) Les animaux de rang supérieur s’évertuent à entretenir au sein de la famille une atmosphère conviviale et harmonieuse, garante de cohésion et de solidarité ».

En tant que leader de votre chien, c’est à vous de vous assurer de son état émotionnel lorsque celui-ci vit de nouvelles expériences à vos côtésAfin que l’apprentissage qu’il en fait, soit bénéfique, aussi bien pour vous, que pour lui.

Prenons des situations fréquemment rencontrés avec un chiot : les pleurs des premières nuits, la peur face à un déclencheur X (voiture, congénère, vélo…).

Encore aujourd’hui, certains cynophiles conseillent tout bonnement de feindre d’ignorer la peur du chiot, de ne pas le rassurer, car le rassurer ne ferait qu’entretenir l’émotion de peur dans la situation donnée. Ce raisonnement étant basé sur l’idée que le chiot se calque sur son humain et que, « Si je rassure mon chiot, je lui confirme que la situation est menaçante, au lieu de lui faire comprendre, en restant neutre, que celle-ci est juste normale ».

Or, nous venons de voir que :

– c’était l’émotion et la manière dont elle était ressentie, qui guidait la mémorisation et l’apprentissage qu’allait faire l’individu qui la traverse.

– le bon leader, le référent du chiot, est garant de son bien être émotionnel et du maintien d’une atmosphère la plus sécurisante possible, auprès de son compagnon.

Dans le cas où je laisse mon chiot en détresse la nuit alors qu’il vient de subir le traumatisme de la séparation avec sa famille et son 1er foyer, ou dans celui où je le laisse gérer seul la situation face à toutes ses voitures qui passent (par exemple) : Quel message l’humain envoie à son chien lorsqu’il ignore l’expression objectivable, de la peur chez son compagnon ? Et le laisse s’enfoncer davantage dans son état de détresse ? Quel impact sur le binôme humain-chien en terme de confiance, communication, et complicité ? Mais aussi, quel apprentissage fera le chiot de cette situation ?

Nous avons pu voir que les expériences affectives les plus intenses (plaisantes ou déplaisantes) donnaient les souvenirs les plus ancrés… Et donc les apprentissages les plus forts !

Cette 1ère stratégie risque donc, pour certains individus, d’ancrer des comportements soumis à la peur, face à l’élément déclencheur. Et donc, d’empirer le problème. D’autant plus que l’individu est sensible.

Un exemple concret : une famille a voulu, dès la 1ère nuit, faire dormir leur chiot dans sa cage. Malgré sa réticence… Les nuits se sont déroulées, sans incident. Cependant, le chiot montre des signes de stress dès que ses humains lui demandent de rentrer dans sa cage, quelque soit la situation! Notamment pour un trajet en voitureLe chiot a associé la cage à une situation stressante pour lui, et donc des émotions négatives.

L’autre solution, proposée de plus en plus par les éducateurs en méthode positive : Rassurer le chiot. Par la voix, la posture, les caresses… Cela aura pour effet de diminuer l’émotion « peur » en terme d’intensité, et permettra d’abaisser le seuil de réaction des différents mécanismes physiologiques qui se mettent en place (accélération du rythme cardiaque, augmentation de la pression artérielle, production d’adrénaline…) et donc d’influencer le comportement qui va en découler. Et c’est bien cela qu’il faudra récompenser.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas confronter le chiot à ses peurs, sinon il n’y aura aucun apprentissage. Mais qu’il faut l’accompagner, apprendre à le lire et détecter le moment où la peur va dominer les réactions du chiot. Là, il y a aura eu échec dans la gestion de l’environnement. Le schéma idéal étant : le chiot émet des signaux de peur, je le rassure, le chiot bascule sur une émotion neutre voir la joie, on y va !

Prendre le temps, et écouter les signaux émis par votre chien, ne fera qu’augmenter votre confiance mutuelle et la solidité de votre lien. Naturellement, votre compagnon aura tendance à vous suivre et à passer au delà de ses inquiétudes pour vous satisfaire.

Conclusion

Notre manière d’accompagner notre ami canin doit être adaptée à sa propre personnalité et nous devons la respecter. Certains chiens mettront plus de temps pour être à l’aise avec une situation donnée. Mais le temps est garant d’une relation profonde et solide.

Notre monde d’humains demande une capacité d’adaptation exigeante de la part de notre 4 pattes. Nos compagnons sont résiliant mais jusqu’à quel point ? Posez vous la question : acceptez vous que dans certains cas votre chien dise « Non » ? Qu’il ait une limite ? Ou doit il être capable de tout accepter ? Dans quelles mesures cela impactera votre relation avec lui mais aussi votre mode de vie ?

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