Chien mordeur? NON COUPABLE
Allez me chercher son humain!
Selon le centre de documentation et d’information de l’assurance, 500 000 personnes sont victimes d’une morsure de chien sur le territoire Français. L’agence tous chiens trouve en cette alarmante donnée, 500 000 bonnes raisons humaines et 500 000 bonnes raisons canines d’étudier le sujet.
Lors d’accident de morsure, le raccourci fait par bon nombre d’humains est bien souvent très simpliste : mon chien a mordu telle personne (bien souvent pour empirer les choses, il s’agira du maître lui-même ou d’un membre de sa famille), il est méchant je ne peux pas le garder. La sentence est irrévocable !
La suite du film, vous la connaissez ou l’imaginez…
Le chien quitte à jamais son statut de sympathique compagnon, pour des habits de bagnards, considéré désormais comme un criminel armé et dangereux.
Mais notre criminel peut-il le devenir malgré lui ? Et peut-on également le considérer comme une victime ? Ayant toujours vécu dans un cadre familial, arraché à ce dernier, et envoyé dans un refuge en quelques jours, totalement désorienté, profondément marqué, et incapable de comprendre les faits dont il serait le coupable… Ce criminel était-il finalement, d’après les seules règles canines qu’il est en mesure de comprendre, si coupable que l’on se prête à le croire ? N’était-il pas en état de légitime défense ou bien est-il seulement responsable, mais pas coupable ? Finalement, le crime ne serait il pas le fait d’une bande organisée ?
Il est très difficile de l’admettre pour certains mais nous, humains, tolérons très mal la perte de contrôle ! Contrôle de l’environnement, des personnes, des risques… et bien évidemment du chien. Ainsi, lorsque ce dernier se permet de sortir de notre emprise, comment admettre que :
– cela est à la fois explicable
– et bien souvent, cela est de notre responsabilité.
De par mon activité en tant qu’éducatrice canine, j’ai conscience qu’il est bien difficile de dire à un humain, souvent encore sous le coup de l’émotion (colère, déception, peur…) : «votre chien vous a mordu, c’est votre faute !». Puis, là encore, le raccourci est trop simpliste. Et les raccourcis, souvent, sont dangereux. Ils occultent bien d’informations.
Il faut alors se glisser dans la peau d’un inspecteur de police afin de reconstituer les faits. Cela peut remonter plusieurs semaines avant le crime. Il faut prendre un maximum d’indices, effectuer plusieurs interrogatoires, auprès de la victime, d’un accusé muet, mais aussi des témoins, afin de reconstituer au mieux la scène du crime, alors que bien souvent, le chien n’est déjà plus considéré comme un suspect, mais bien comme le coupable, par sa propre famille !
C’est alors une véritable gymnastique pédagogique qui va s’engager entre l’éducateur canin et le groupe d’humains en face de lui. Avec entre eux, le destin du chien inculpé.
Retenez ceci : il est trés rare qu’un chien morde sans raison, et il est d’autant plus rare qu’il ne vous ait pas prévenu avant
Et c’est là que la responsabilité humaine est engagée. Le crime ? Non assistance à chien en détresse.
Car bien souvent, l’enquête démontrera que le suspect canin a envoyé plusieurs signaux, plus ou moins subtiles, pour prévenir son entourage du stress que générait telle situation/telle personne.
Plus dramatique : bien souvent, il aura tenté à maintes reprises de signaler son inconfort à son humain mais ce dernier l’aura ignoré, voir pire, l’aura réprimandé pour cela. Obligeant son chien à se refermer sur lui-même, lui apprenant à ne plus communiquer son inconfort, jusqu’au jour où cela devient trop pour le chien, il sature, il «dégoupille », et finit par employer l’ultime recours qui lui reste : la morsure. Le crime est commis.
Très souvent, c’est le même que sur d’autres affaires : la morsure est extrêmement rapide, tellement qu’on la voit à peine, on entend juste le claquement des dents… Et le chien s’enfuit immédiatement après.
Et c’est le drame car cette morsure fait souvent de graves dégâts : elle est au visage d’un enfant bien trop entreprenant, laissé sans surveillance car « le chien a toujours été gentil », à la main de la personne qui voulait simplement le caresser
Rappelez vous « l’échelle de l’agression », (encore merci à Vox Canis pour sa traduction). Chaque humain ayant un chien dans son foyer devrait la connaître par cœur. Et ainsi, apprendre à écouter son chien.
On comprendrait alors que bien souvent la victime devient le chien et le coupable, l’humain.
Par manque d’observation, de connaissance, de patience dans la plupart des cas. Mais les pires ce sont ceux qui n’admettront jamais leur responsabilité car « un chien ne doit jamais mordre un humain, point barre ! ». Et oui un humain c’est sacré ! Qui ne reconnaîtront jamais qu’à force d’avoir crier, frapper leur chien à chaque fois que celui-ci grognait ou montrait les crocs, qu’ils ont créé le futur criminel canin, bien involontairement.
Un chien qui a mordu n’est pas un chien perdu. C’est un chien incompris.
Heureusement, dans certains cas, ce dernier se trouve dans une famille aimante, qui fera l’effort de demander de l’aide et de se remettre en question, pour comprendre ce qu’il s’est passé et faire en sorte que cela ne se reproduise plus, dans la plus grande bienveillance envers leur compagnon.
Alors oui c’est dur parfois d’admettre ses torts, de refaire confiance à celui qui a osé mordre et faire du mal. Mais rappelez vous ces lignes, et si un jour vous êtes confronté à cette situation, prenez le temps de l’analyser, de la comprendre… Être juge et partie est rarement gage d’objectivité. D’autant plus que, la plupart des décisions prises sur le coup de l’émotion sont bien souvent mauvaises ! Prenez le temps du jugement éclairé et de l’accompagnement bienveillant et compétent d’un éducateur canin.
Je tiens à préciser que ce texte n’a pas pour vocation de disculper automatiquement tous les chiens mordeurs, et d’accuser les humains.
Car chaque cas est unique, et nécessitera une rééducation adaptée et réfléchie. Le but est d’ouvrir notre réflexion, et de se poser la question de notre tolérance vis-à-vis de nos compagnons, à qui nous demandons énormément, afin qu’il s’intègre dans notre société. Sommes nous également capables de faire preuve de résilience vis-à-vis du meilleur ami de l’Homme ?
Pour sauver des innocents et éviter des condamnations à tort, partagez cet article et les informations qu’il contient.
2 commentaires
Gonzalez
Très bonne analyse, la plaidoirie est super argumentée, il faudrait juste souhaiter que chaque maître ait la volonté de se remettre en question , ne s’arrête pas au moment de l’émotion et accepte de se situer à égalité avec son compagnon…paroles humaines/signaux de son toutou, et prendre du temps pour que la cohabitation se passe dans le respect et l’amour…en tout cas, nos compagnons ont trouvé une excellente avocate 😉
Marie jose Gonzalez
Très bonnes démonstrations, la plaidoirie est argumentée et convaincante, maintenant est-ce que les maîtres sont prêts à mettre à égalité :
– les paroles des » humains » / le » langage » de leurs toutous , prendre le temps de l’ecoute et de l’observation, afin de partager ensemble respect et amour, en tout cas nos amis les chiens ne pourraient avoir meilleure avocate…😉