Le consentement : ce n’est pas pour les chiens !?
Difficile de faire accepter l’idée d’un consentement du chien, au cours de son éducation, dans notre société si moderne, alors même que la notion de consentement est déjà difficilement comprise et acceptée pour nous, entre nous, humains.
Nombreux sont ceux qui considèrent l’idée du consentement comme un effet de mode, poussé par des extrémistes féministes, ou des fans d’histoires dramatiques. Les exemples dans notre quotidien sont pourtant foisonnants : le consentement dans le cadre médical, dans une relation amoureuse, entre un adulte et un enfant… Les limites, alors qu’on pourrait croire qu’elles sont d’une clarté logique et morale, sont bien souvent encore très floues pour certains. Un oncle qui force sa jeune nièce à l’embrasser ? Un kinésithérapeute qui touche son patient sans prévenir ? Un homme qui embrasse une femme par surprise ? Il n’y a pas besoin d’aller imaginer les histoires les plus glauques pour comprendre que le consentement n’est pas si bien intégré dans les rapports humains, tel que les bien-pensants l’imaginent.
Alors, quand on parle du consentement animal ! L’on vous considère parfois comme un farfelu, un originale, l’un de ces « bisounours » du renforcement positif, catégorisé, souvent bien trop vite, par des personnes de peu de connaissances.
Revenons aux bases : le consentement est l’action de donner son accord à une action, à un projet. L’individu doit pouvoir manifester clairement son acquiescement, son approbation, face à ce qu’on lui propose. Tout comme il doit être libre d’émettre son refus, son désaccord.
Le processus est efficient si et seulement si le message émis par l’individu est entendu, compris et accepté par le récepteur ! Et non pas ignoré ! Car, que ce soit volontairement ou non, le résultat sera le même pour l’émetteur : s’il est ignoré, il se sentira incompris et devra soit, subir une situation qui lui est déplaisante, soit choisir une autre forme de communication ! Un humain pourra lever le ton, pleurer ou peut être crier ? Un chien, lui, utilisera essentiellement son langage paraverbale (posture, mimique, sons…) jusqu’à grogner, voire mordre, désespéré qu’il sera de ne pas avoir été entendu, et sans doute pas pour la première fois !
Par exemple, nos chiens ne sont pas des peluches que l’on peut câliner, caresser, uniquement selon notre bon vouloir. Au risque de briser l’image idyllique du chien qui ne se réconforte qu’à travers les caresses de son humain… Tous les canins ne sont pas des adeptes des papouilles ! Ou plutôt, peut-être pas tout le temps, ou pas par n’importe qui ! Ils ont le droit d’avoir des moments avec, des moments sans, des préférences ! Et votre devoir en tant que bon partenaire, est de vous assurer que votre chien soit entendu et écouté par les gens de votre espèce !
Alors comment s’avoir si votre chien est consentant ?
Comme dit un peu plus tôt, nos chiens utilisent préférentiellement le langage paraverbal : ils utilisent l’ensemble de leurs corps, de leur posture globale, à leurs mimiques, en passant par leur regard, le hérissement de leurs poils… Tout en eux est communication ! A vous de vous montrer observateur ! Lorsque vous approchez votre main pour caresser votre chien : glisse-t-il sa tête sous cette dernière ou détourne-t-il le regard ? Est-ce qu’il se lèche les babines ? Est-ce qu’il baille ? Est ce qu’il se secoue ?
Tout ces signaux objectivables peuvent être un signe de désapprobation face à la douce caresse que vous proposez.
Lorsque votre compagnon refuse d’avancer vers un autre chien : qu’il tire sur la laisse, qu’il grogne, qu’il s’agite ? Acceptez-vous de vous écarter ou raccourcissez-vous la laisse et l’obliger à se diriger là où vous aviez prévu d’aller ?
Lorsque les enfants jouent, le bousculent, le « tripotent » prenez vous le temps d’observer les réactions de votre chien ? Cherche t’il à se dégager ?
Malheureusement, les réseaux sociaux foisonnent d’images où l’on voit un animal subir une situation qui lui déplaît, le montrer, et être ignoré par ceux qui l’entourent ! Alors même qu’il est filmé! Souvent car l’action est jugé mignonne ou amusante. Malheureusement, un chien trop souvent ignoré, stressé, peut, dans le temps, développé des comportements dit « gênants », voir « indésirables ». Comme une morsure au visage d’une personne qui aura trop abuser de sa patience ! Souvent l’animal sera condamné, jugé coupable, alors que ce dernier n’aura fait « qu’hurler son mal être ». Ces accidents sont bien souvent évitables !
Si vos enfants, si les passants, si certains qui se disent professionnels du monde canin ne sont pas capables d’observer tous ces signaux, vous, vous devez d’apprendre à les reconnaître. Vous êtes le garant de la liberté de choix de votre compagnon ! Et bien évidemment, cela est aussi applicable pour vous ! Vous devrez apprendre à entendre et écouter votre chien, à faire des compromis, pour l’éduquer, le faire avancer, tout en veillant à son bien-être.
Le bien-être d’un individu passe par sa possibilité d’exprimer son choix, de consentir ou non à une situation qu’on lui présente. Ainsi, il s’épanouira, gagnera en confiance en lui et en tous ceux qui se montreront capables de l’écouter !
Comment s’assurer que notre chien soit entendu et compris, dans votre quotidien ?
Bien évidemment, l’on ne peut pas toujours faire ce que nous voulons ! Et c’est aussi valable pour nos compagnons ! A nous de leur offrir une fenêtre d’expression de leur préférence !
Vous pouvez mettre en place des protocoles permettant à votre chien d’exprimer clairement son consentement : le médical training est un parfait exemple ! Une position de consentement est identifiée par vous et votre chien (allongé sur le côté, menton posé sur la table…) si le chien l’adopte, il est OK pour le soin. S’il se retire, le soin se s’arrête, et reprendra lorsque le chien reproposera la position de consentement. Ce système est transposable à de multiples situations de la vie quotidienne :
- je propose ma main à mon chien, va-t-il chercher la caresse sur son crâne ? Proposez une autre partie de son corps ? Ou se détourner ?
- Un chien s’approche au loin : mon chien va-t-il vers lui ? Se-stoppe t-il (signe qu’il a besoin d’analyser la situation), change-t-il de direction ? Je le « suis » bien en amont de la rencontre. Bien souvent, un chien devient réactif car il n’a pas le temps/la distance pour s’exprimer à l’approche de son congénère.
- Mon chien part s’isoler dans une pièce lorsque ma famille est arrivée, signe qu’il recherche de la tranquillité et du calme : je lui crée une zone de sécurité où il sait que personne ne viendra le déranger.
A l’Agence tous chiens, nous partageons la croyance que de saupoudrer, dans la vie de votre chien, de multiples situations où il pourra s’exprimer et être écouter, façonnera un individu bien dans ses pattes, et une relation respectueuse et privilégiée, entre vous et votre partenaire canin ! Et le meilleur moyen pour vous de savoir si cela est vrai, est de l’essayer ! Alors à vous de jouer !